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L’album The Ten Commandments fait allusion au film de John Carpenter sorti dans les salles en 1988, They Live, qui raconte la prise de conscience et le combat du héros, John Nada, face à des extra-terrestres infiltrés dans la société humaine pour l’asservir et l’exploiter. Selon son réalisateur, mais aussi selon l’explication couramment admise, ce récit exprime de manière métaphorique la lutte contre le Capitalisme, et donc la lutte des classes.

Toutefois, l’inspiration par rapport à ce film se limite à la scène culte au cours de laquelle le héros découvre un peu partout en ville, dans la publicité, la signalétique et dans les médias des messages subliminaux, donc invisibles pour tout un chacun mais destinés à influencer les actes et les pensées de tous. Il s’agit d’injonctions se présentant chacune sous la forme d’un ou deux mots, parmi lesquelles neuf, les principales et les plus mises en évidences, furent retenues pour donner un titre à neuf des dix commandements de l’album et inspirer les musiques correspondantes, en demeurant dans la même thématique que l’oeuvre cinématographique. Et le dixième commandement, demandera-t-on ? Il a été ajouté pour actualiser les injonctions originales par rapport au Capitalisme moderne : « Enjoy Unfettered » qui correspond à un slogan produit durant la révolte estudiantine de mai 1968 en France, puis détourné de son sens premier par sa mise en pratique destinée à mieux asservir.

Le principe des dix commandements trouve bien sûr sa source dans le récit biblique racontant comment Dieu donna à Moise les tables de la loi où figure le Décalogue. Si on peut y voir une critique de la religion, la substitution des injonctions capitalistes à celle de la Bible reflète aussi le remplacement progressif de la religion par l’idéologie de la société marchande libérale.

L’album se termine par un finale, qui vient contredire et défier les dix commandements qui le précèdent et a pour titre « Awake ». Il constitue la suite de l’ouverture, intitulée « Revolt », qui figure en première position, comme il se doit. Cet appel à l’éveil peut se comprendre comme spirituel, philosophique ou politique. Néanmoins, le finale est la seule musique qui se voit dotée de paroles chantées, plus précisément d’un seul mot chanté, « Kamarado », qui signifie « camarade » en Espéranto. L’utilisation de cette langue universelle permet d’accentuer le caractère internationaliste du mot et donc d’affirmer sa signification politique.

Des différences se constatent dans la facture de la musique selon le morceau. Celle des commandements Obey, Submit et Work traduit la violence qui existe dans la domination et les rapports de production. La musique de l’introduction, Revolt, répond à cette violence par le même style de musique, toutefois moins oppressive, plus légère.

Chacun des douze morceaux possède un sens, non seulement donné par le titre, mais aussi par la musique elle-même, qui peut suivre un schéma sémantique ou bien exprimer une idée par sa globalité. Ainsi, dans Awake figure au début un chant fluet de soprano, sans parole, et accompagné de quelques notes jouées par une clarinette, exprimant une plainte isolé, triste et vaine. Survient ensuite un passage présentant une forme de dissonance répétée, faisant référence à une forme d’éveil. Cela réfère à la chanson de l’artiste français Maxime Le Forestier Petit robot, plus précisément au dernier quatrain :

Les deux fils qui sont dans ta tête,
Tu les feras se rencontrer
Ou bien tu feras tout sauter
Ou bien tu deviendras poète.

Il existe toutefois une troisième possibilité à l’alternative offerte ici, celle qui suit la dissonance dans Awake, et qui se présente sous la forme d’un chant puissant et nombreux reprenant la petite mélodie fluette initiale, transformant ainsi la plainte du début en un fort mouvement, et entonnant « Kamarado », accompagné par moment d’une section de cuivres qui contraste avec la petite clarinette du début tout en jouant les mêmes notes muées en accords.